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Être partout, tout le temps

J’ai essayé. Je te le jure! Placer deux événements dans la même plage horaire en me disant que je trouverais bien le moyen de surpasser la proactivité humaine, que j’arriverais à tout faire… Mon excuse face à cette folie? Me dire que je ne pouvais pas dire non à l’un ou encore reporter l’autre. Essayer de convaincre mon agenda d’insérer le tout dans la même case sans se plaindre. Anticiper le défi; prendre alors cette option loufoque d’entasser deux soirées en une seule. Avoir espoir que la téléportation soit inventée d’ici là. Mal de cœur organisationnel et vomi d’horaire. Sentir remonter ce sentiment d’avoir si peu de temps et qu’au final je ne fais jamais rien. Et pourtant j’en fais tellement…

J’en fais tellement que ce n’est jamais assez. Jamais assez pour me donner l’impression que c’est trop, seulement pour me pousser à me lever plus tôt et me coucher en arrivant. Pourtant, ce rythme de vie est effréné, j’en conviens. Je vis à la fois de passion et de pression. Et à quelque part, j’ai choisi ce que je vis. Plus que moins. Toutefois, le moins je le ressens de plus en plus, cet envie de m’enfuir dans une forêt et ne plus vivre à la vitesse de la ville. Cette allure pressée qui est devenu ma vélocité personnelle compromet ma capacité à oser m’imaginer ralentir parfois. Guerre civile entre l’envie de faire un autre tour de piste et le besoin de reprendre mon souffle pour mieux courir.

J’ai une théorie face à cette boulimie de plage horaire : la loi de Yerkes et Dodson. Cette thèse suggère que le niveau optimal d’activation requis pour une performance varie selon le niveau de difficulté de la tâche à effectuer. Plus la tâche est facile, plus le niveau d’activation, physique et psychologique, se doit d’être élevé pour procurer la motivation nécessaire à la performance et au dépassement. Vice et versa… Et donc, je pense que c’est ainsi que je gère mon quotidien et, en observant autour de moi, je ne suis visiblement pas la seule… Remplir son calendrier à rebord dans le but d’augmenter le défi et ainsi trouver la motivation dramatique pour tout accomplir. Se sentir comme « Wonder Woman » en se couchant le vendredi soir et se lever Beyoncé le lundi suivant. On se considère stressé et « dans le jus », mais on aime cette sensation vivifiante de faire passer la semaine rapidement et le weekend encore plus vite. Être partout à la fois, profiter au paroxysme des 24 h et des 7 jours, dans le but ultime de ne rien manquer de l’année. Ainsi, on ne s’ennuie jamais… Jusqu’au jour où on s’ennuie d’avoir du temps. Du temps pour rien faire, lâcher-prise, marcher, cuisiner, aller voir cet ami qu’on promet de voir depuis 2 ans, faire du bénévolat dans un refuge pour animaux, aller bûcher du bois, se faire masser, replâtrer ce mur qu’on a brisé un jour, lire un livre au complet sans penser à autre chose, s’endormir sans cadran…

Alors? Comment faire des choix quand on veut tout faire? Comment se concentrer sur une chose pour mieux réussir… Je pense que certaine personne aime la routine du 9 h à 5 h et d’autres les 24 h improvisées. Je maintiens toutefois que la meilleure option reste de trouver un équilibre. Savoir s’arrêter parfois, mais faire des folies aussi… Ne pas figer ses plans, mais laisser place à la spontanéité et au mouvement dans l’horaire. Et dans tout ça, je vous le confirme, être à deux endroits à la fois, ça ne fonctionne simplement pas. Pour avoir du temps, il faut faire des choix. Pour faire des choix, il faut prendre le temps. Le temps, on le prend seulement quand on décide volontairement de le faire… Mets-ça à ton agenda « prendre le temps ».

Par Aïcha Bastien N’diaye

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