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Apprendre de la sagesse – Par Marie-Pier Quessy

Dans la vie, il y a plusieurs façons d’apprendre et d’évoluer en tant que personne. En travaillant avec les personnes âgées, j’ai compris différents aspects de la vie qui m’ont fait grandir intérieurement.

Prendre son temps

J’ai appris à prendre mon temps avec les résidents que je dois lever, laver, habiller, etc. Je prends le temps de leur demander comment ils vont, de parler de leur passé ou du présent avec eux. Je prends le temps de les écouter, parce que, parfois, c’est tout ce qu’ils demandent d’avoir une oreille attentive. Je prends aussi mon temps pour ne pas les précipiter dans les tâches que j’ai à accomplir. Ces personnes ont sûrement passé leur vie à courir, comme le font les générations qui les suivent. Ils méritent maintenant de vivre paisiblement leur vieillesse. Mes patrons veulent que je donne des services de qualité aux bénéficiaires, et je le fais du mieux que je peux en leur accordant un minimum de mon temps.

C’est naturel de vieillir

En côtoyant les aînés et en les voyant perdre de leurs capacités chaque jour, on comprend vite que nous allons tous vieillir et finir par mourir un jour. En les observant, j’imagine mon grand-père qui se fait de plus en plus vieux, puis ma mère qui finira par se rendre en résidence aussi, malheureusement. J’arrive même à m’imaginer à leur place, bien que j’aie seulement 20 ans. C’est tellement naturel de vieillir, et ça me pousse à profiter de la chance d’avoir encore tous ces êtres qui me sont chers vivants à mes côtés. Ça me donne aussi le goût de profiter au maximum de la vie avant de devenir vieille et ne plus pouvoir le faire.

Donner au suivant

En offrant des soins quotidiens aux personnes âgées, je donne au suivant. Je donne, car j’ai reçu avant eux l’aide de mes parents et de mes grands-parents. Je ne prends pas directement soin de membres de ma famille, mais je sais que les bénéficiaires que j’aide ont pour la plupart élevé leur famille, et que c’est à leur tour de recevoir de l’aide maintenant. Je le fais aussi parce que je me dis que, un jour, quelqu’un d’autre prendra soin de mon entourage ou même de moi.

Ne jamais oublier la valeur humaine

On travaille au salaire minimum dans une résidence privée. On court d’un côté et de l’autre de la résidence 99 % du temps. On a rarement le temps de pause qui nous est dû, et on arrive à s’asseoir maximum 15-20 minutes pour manger pendant notre quart de huit heures. Il arrive souvent que l’on se fasse appeler à la dernière minute pour rentrer travailler ou pour faire un double, car il manque de personnel. Beaucoup de préposés se blessent ou sont épuisés. Par contre, l’aspect humain du métier de préposé aux bénéficiaires compte beaucoup pour moi. Chaque jour de travail, j’ai appris à toujours trouver un bon coup ou un moment privilégié avec un résident, malgré tout ce qui a pu se passer dans ma journée.

Finalement, la principale chose à retenir de mon emploi, c’est qu’un jour ce sera nous qui serons à leur place et qui aurons besoin des autres.

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