Je suis une acheteuse compulsive. Une vraie. Une real. Du modèle un peu intense, qui scan la puce de sa carte de crédit plus vite que son ombre.
Je la dégaine tellement rapidement que je n’ai même pas eu le temps de bien avoir réfléchi à mon achat. Ensuite? J’ai chaud. Je transpire. Puis je me réfère aux petits caractères parlant de retour de la marchandise. Vive notre système de consommation.
Parce que l’achat compulsif, ce n’est pas tant d’avoir une multitude de trucs (dans mon cas, on parle de vêtements) que du sentiment que procure l’achat. Le nouveau. Ensuite, même si on retourne lesdits trucs, on a quand même vécu cette merveilleuse poussée d’adrénaline si recherchée.
J’achète parce que j’aime acheter. Parce que j’aime le neuf. Parce que j’aime la mode. Parce que j’adore avoir le sentiment d’être celle qui a trouvé THE petit haut si mignon et unique en spécial. Je suis une chasseuse de guenilles. Mais aussi (surtout?) parce que je voudrais bien te ressembler un peu, toi, image de fille modèle qui envahit mon Pinterest.
L’achat compulsif, dans mon cas, est donc probablement un manque d’estime de soi. De moi. Si je creuse profondément dans mon intérieur et que je m’avoue la vérité, je pense que le bobo est là. Je voudrais tant te ressembler, toi, jolie fille de blogue qui semble marier tous les tons de noir à merveille. Alors je me lance à ta suite et m’achète toutes les déclinaisons d’ébène qui me tombent sous la main. Moi aussi, je serai belle. Pourtant, devant mon miroir, j’ai plutôt l’air prête à assister une veillée funèbre. Échec. Je ne me sens pas aussi bien que tu avais l’air de l’être.
Alors je recommence. Me trouve une nouvelle inspiration, une nouvelle palette de couleurs, un nouveau style, une nouvelle icône. Mais à chaque fois, mon miroir me renvoie l’image d’une fille qui n’a pas trop réussi. Pas trop certaine d’elle.
Quand je te vois plein sourire, savamment décoiffée, me présentant un nouveau kit de lingerie qui met tes abdos en valeur, moi aussi, j’ai le goût de l’avoir, ce kit-là. Est-ce que je peux prendre l’option six-pack, svp?
Je pense que je suis donc trop fragile pour avoir accès du bout des doigts à toute cette publicité que les réseaux sociaux m’envoient. C’est dangereux pour ma santé mentale et mon portefeuille. Je tente souvent de résister. Réussis peu. Alors, devant mon désarroi et comme prix de consolation, je vais retourner m’acheter une paire de souliers en ligne. Je les mérite, non?
Bonjour, je m’appelle Esther et je suis une acheteuse compulsive.
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